À l’occasion du troisième anniversaire de sa prise de pouvoir, Ibrahim Traoré a détaillé en 90 minutes sa feuille de route pour la sécurité, l’économie et la diplomatie, réaffirmant sa volonté d’indépendance et la construction d’une industrie de défense nationale.
Le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a accordé, le 28 septembre 2025, un long entretien de 90 minutes à la presse nationale et internationale, centré sur cinq grands thèmes : défense et sécurité, politique et société, économie et développement, diplomatie et AES, ainsi que géopolitique.
Durant cet échange diffusé dans l’émission « 90 minutes face à la presse », le chef de l’État a répondu aux questions d’une dizaine de journalistes issus de médias publics et privés. L’exercice visait à rassurer l’opinion sur les orientations du pays ; selon les premières réactions, il a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et auprès de la diaspora.
Défense et sécurité : la conviction de la victoire
Sur la défense, Ibrahim Traoré a insisté sur la nécessité d’une « mentalité nationale » forte dans les rangs, estimant que la formation indigène est essentielle pour préserver l’indépendance de pensée des soldats. Il a justifié la création d’une École supérieure militaire pour ancrer cette vision.
Face à la menace terroriste, le président a été catégorique : « Nous n’irons nulle part et nous allons gagner cette guerre ». Il a rappelé que la capacité d’adaptation des forces et une compréhension claire de l’ennemi sont des atouts majeurs. Intriguant, il a évoqué qu’« on parlera bientôt d’un albinos noir », sans autre précision, avant d’affirmer que « la guerre va finir ».
Traoré a par ailleurs présenté la souveraineté industrielle comme la troisième étape de sa politique de défense : l’objectif est de passer de l’achat d’armements à une production locale d’équipements militaires, afin d’assurer une montée en puissance autonome des forces burkinabè.
Économie et rôle de l’État
Sur le plan économique, le président a plaidé pour un renforcement de l’action publique dans des secteurs stratégiques — agriculture, services essentiels, hydrocarbures, contrôle du transport et mines — afin de limiter ce qu’il a qualifié de « capitalisme sauvage ». Il a annoncé que l’État avait mobilisé 100 milliards FCFA pour reprendre deux mines d’or, expliquant que les revenus doivent être au service du peuple. En agriculture, il évoque un rôle accru de l’État pour réduire la dépendance alimentaire, notamment via la filière riz.
Diplomatie, AES et géopolitique : assumer la rupture
Interrogé sur la rupture avec certaines puissances étrangères et sur la posture régionale, Ibrahim Traoré a défendu la décision de retirer des forces étrangères présentées comme contre-productives. Il a estimé que la présence de certaines puissances n’avait pas toujours aidé à résoudre les conflits et que cette posture souveraine pouvait susciter des oppositions extérieures.
Sur l’« encerclement » évoqué autour des pays de la Confédération/AES, il a rappelé que conduire une révolution implique d’anticiper l’adversité et de se préparer à la résistance diplomatique. Pour lui, la souveraineté et la préparation interne sont les réponses à ces pressions.
Bilan et message au pays
Tout au long de l’entretien, le président a cherché à combiner fermeté et assurance : renforcer les forces nationales, relancer l’économie sous pilotage public, et défendre une diplomatie tournée vers l’indépendance et la solidarité sahélienne. Le message final visait à galvaniser la population autour d’une vision de souveraineté et de résilience nationale.
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