Ouagadougou, vendredi 27 juin 2025. Le soleil frappe fort sur le tarmac de la Base Aérienne 511. Les visages sont tendus mais fiers. Les 22 Élèves Officiers Pilotes, dont deux femmes, forment une ligne droite impeccable. Ils attendent, dans leurs uniformes repassés au millimètre, le signal qui changera à jamais leur vie : leur reconnaissance officielle en tant que pilotes militaires Burkinabè.
L’instant est solennel. Il est aussi historique.
Au cœur de l’assistance, familles, proches, officiers supérieurs et autorités civiles assistent à l’aboutissement d’un long parcours semé d’embûches, mais surtout d’abnégation. En première ligne, le Ministre d’État, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, préside la cérémonie. Son regard ne trahit aucune émotion. Mais dans ses mots, la fierté transparaît.
« Cette promotion incarne l’excellence, la résilience et la détermination de notre armée à se renforcer, non seulement sur terre, mais aussi dans les airs. »
Une formation entre deux continents
Tout a commencé 23 mois plus tôt. Les 22 stagiaires sélectionnés ont été envoyés en République Tchèque. Pendant 17 mois, ils ont appris à manier les commandes d’avions de chasse, de transport et d’hélicoptères. Ils ont dompté les cieux européens dans des conditions rigoureuses, apprenant à voler, manœuvrer et prendre des décisions critiques en quelques secondes. Là-bas, la rigueur de l’instruction était implacable. Mais ce n’était que le début. De retour au pays, les jeunes officiers ont poursuivi leur formation à l’Académie Militaire Georges Namoano de Pô, pour une immersion complète dans les exigences du terrain burkinabè. Six mois de modules intensifs, taillés dans la pierre : connaissance des armes, tir au combat, stratégie aérienne. Mais aussi stage commando. Là, ils ont appris à survivre. À résister. À rester debout même dans la boue, la chaleur, l’épuisement.
Des femmes aux commandes
Parmi les 22, deux femmes. Leur présence force le respect. L’une d’elles, la lieutenante Fatimata Zongo, marche d’un pas assuré. Son regard est déterminé. Elle sait ce qu’elle représente : un symbole, une percée, une promesse.
« Ce que nous faisons ici, c’est briser les plafonds de verre. Les femmes ont toute leur place dans les cockpits. »
Ses mots sont brefs, mais son message porte loin. Dans les tribunes, des jeunes filles regardent avec admiration. Peut-être, elles aussi, s’imaginent un jour aux commandes d’un hélicoptère, survolant la savane burkinabè, en mission pour défendre leur pays.
Un message de souveraineté
Le ministre de la Défense est catégorique : cette promotion n’est pas une simple cuvée de pilotes. Elle est le fruit d’une vision stratégique. Une réponse claire à l’urgence de souveraineté, dans un contexte de lutte contre le terrorisme et de reconstruction nationale.
« En renforçant notre capacité de défense aérienne, nous envoyons un message. Le Burkina Faso est prêt. Et il se donne les moyens. »
Derrière les discours, des chiffres. Le pays a investi massivement dans la formation, l’équipement et la coopération militaire avec des pays amis. Ce projet en est un aboutissement tangible. Et un signal fort envoyé aux ennemis de la paix.
Une cérémonie pleine de symboles
La remise des diplômes est ponctuée par une salve d’applaudissements. Un à un, les stagiaires reçoivent leurs épaulettes. Certains retiennent leurs larmes. D’autres, en toute discrétion, lèvent brièvement les yeux au ciel. Comme pour saluer cet espace qu’ils domineront désormais.
À la fin de la cérémonie, les hymnes retentissent. Les drapeaux flottent. Et dans le ciel, les acrobaties de deux avions militaires rappellent que ces jeunes hommes et femmes sont désormais les sentinelles de l’espace aérien national.
Une relève qui inspire
Dans le public, des élèves du secondaire, invités pour l’occasion, regardent la scène avec des étoiles plein les yeux. Le jeune Daouda, en classe de 3e, confie :
« Moi aussi, je veux devenir pilote. Je veux défendre mon pays et voler comme eux. »
Les mots sont simples, mais lourds de sens. Car au-delà de la performance militaire, cette cérémonie est aussi un acte de transmission. Une manière d’ouvrir une voie, de susciter des vocations, de redonner confiance en l’avenir.
Le défi de demain : garder le cap
Mais les défis restent nombreux. Maintenir la qualité de la formation, renforcer la flotte aérienne, assurer l’entretien du matériel, continuer à investir dans l’humain : autant de chantiers que l’État s’engage à poursuivre.
Et pour ces jeunes diplômés, le plus dur commence. Ils seront appelés à voler en conditions réelles, dans un pays où la menace est diffuse, où chaque mission peut virer à l’imprévu. Ils devront faire preuve de courage, de maîtrise, d’éthique.
Clôture : une armée qui prend de la hauteur
Alors que le soleil décline sur la base, les derniers saluts militaires ponctuent la cérémonie. Les nouvelles recrues quittent la place d’armes, fières et droites. Elles ne sont plus des élèves. Elles sont désormais pilotes.
Dans le ciel du Burkina, une nouvelle ère commence. Celle d’une armée qui, pas à pas, prend de la hauteur
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