Le décès d’Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, survenu en détention en Côte d’Ivoire, suscite une onde de choc et ravive les tensions entre Ouagadougou et Abidjan.
Le 27 juillet 2025, le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan annonçait, par communiqué officiel, le décès du citoyen burkinabè Alain Christophe Traoré, connu sous le nom d’Alino Faso. Interpellé depuis le 10 janvier, il aurait, selon le communiqué, mis fin à ses jours par pendaison, après avoir tenté de s’ouvrir les veines avec un drap de lit.
Mais cette version officielle peine à convaincre. Depuis cette annonce, la polémique enfle. À Ouagadougou comme à Abidjan, plusieurs voix s’élèvent pour contester la thèse du suicide et réclamer la vérité sur les circonstances de ce décès en détention.
Une procédure judiciaire ouverte, mais des contradictions persistent
Selon une source proche de la famille du défunt, cette dernière a formulé le 2 août une demande formelle de rapatriement de la dépouille vers le Burkina Faso. En réponse, le parquet ivoirien a indiqué, dans un courrier daté du 4 août, qu’une information judiciaire a été ouverte dès le 30 juillet, et que toute suite à donner à la requête devait désormais être adressée au cabinet du Doyen des juges d’instruction.
Cette procédure semble entrer en contradiction avec le communiqué initial du 27 juillet, qui évoquait des conclusions déjà établies du médecin légiste. Cette disparité dans les communications officielles alimente davantage la suspicion autour de l’affaire.
Réaction officielle du gouvernement burkinabè
Face à la vive émotion populaire et aux accusations croissantes, le gouvernement burkinabè a rapidement réagi par un communiqué officiel, dans lequel il qualifie cette disparition de « tentative manifeste de dissimulation des faits » et évoque un assassinat crapuleux. Le ton est grave, la posture, ferme.
Ouagadougou a exigé le rapatriement immédiat du corps de son ressortissant, afin qu’il puisse bénéficier d’obsèques dignes et honorables sur sa terre natale. Pour les autorités burkinabè, cette affaire va au-delà d’un simple fait divers : elle interroge sur le respect des droits fondamentaux en contexte de détention politique.
Une affaire à forte charge symbolique
Alino Faso était connu pour son activisme politique et ses prises de position virulentes sur les réseaux sociaux. Son arrestation, en janvier 2025 à Abidjan, avait déjà suscité des critiques, certains dénonçant une volonté d’intimider les voix dissidentes. Sa mort en détention ne fait que renforcer les soupçons de règlement de compte politique, d’autant que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso traversent une période de relations tendues, notamment autour des orientations politiques régionales et des choix de souveraineté des États de l’AES.
Les appels à une enquête internationale indépendante se multiplient. De nombreuses organisations de défense des droits humains en Afrique de l’Ouest exigent transparence et justice.
Vers un contentieux diplomatique ?
Malgré l’ouverture d’une information judiciaire à Abidjan, la confiance semble entamée. Les autorités burkinabè attendent des gestes concrets : la restitution du corps, une autopsie indépendante et une clarification complète des circonstances de la mort.
Dans un contexte sous-régional où les rapports diplomatiques sont en recomposition, cette affaire pourrait peser sur les équilibres existants, à moins que le dialogue et la transparence ne prévalent dans la recherche de la vérité.
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