Le 22 septembre 2025, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait immédiat du Statut de Rome et de la Cour pénale internationale (CPI), lors d’une déclaration simultanée faite depuis Bamako, Niamey et Ouagadougou. Les dirigeants des trois pays ont accusé la CPI de s’être transformée en un instrument de répression néocoloniale, servant les intérêts de puissances extérieures.
Dans un communiqué conjoint, ils ont dénoncé la partialité de la Cour, qui selon eux cible principalement les États africains, alors que les crimes commis par les puissances mondiales reçoivent peu d’attention. L’AES perçoit ce mécanisme, censé garantir la justice internationale, comme un outil politique ayant perdu toute légitimité. »
Les trois États ont également mis en avant les limites juridiques et institutionnelles du Statut de Rome, citant notamment des contradictions internes, une incompatibilité avec la Charte de l’ONU et la possibilité d’émettre des mandats contre des chefs d’État non signataires. Dans la région du Sahel, les acteurs considèrent ces pratiques comme une forme de guerre juridique contre des régimes jugés indésirables Les pays de l’Alliance ont donc exprimé leur volonté de développer des mécanismes judiciaires indépendants, basés sur leurs valeurs nationales, et de renforcer leur souveraineté judiciaire.
Historiquement, l’Afrique avait soutenu la CPI, mais les enquêtes ciblant les dirigeants africains ont suscité méfiance et accusations de partialité. En 2014, l’Union africaine a adopté le protocole de Malabo, instituant une Chambre pénale internationale au sein de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme, et en 2017, le Burundi a quitté la CPI. Cette décision des pays du Sahel traduit donc une crise profonde de confiance entre États africains et institutions judiciaires internationales. Elle pourrait accélérer la mise en place d’un système africain indépendant, mieux adapté aux réalités régionales et aux enjeux de justice sur le continent.
Les experts estiment que des pays voisins, comme le Tchad, pourraient suivre cet exemple pour renforcer leur indépendance et afficher leur solidarité avec l’Alliance des États du Sahel. Une telle démarche pourrait également favoriser une coopération régionale accrue, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la réforme des systèmes judiciaires africains.
Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CPI symbolise la volonté croissante des États africains de défendre leur souveraineté et de mettre en place leurs propres mécanismes judiciaires, équitables et autonomes, adaptés au contexte historique, politique et culturel du continent.
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